CDC

VOYAGE AU CENTRE D’UNE PLUME DE CUL DE CANARD
Ce voyage dans le monde intime de la structure d'une plume de cul de canard. La plume de cul de canard (CDC) est utilisée pour la confection de nombreuses mouches artificielles en Europe. Henri Bresson et quelques monteurs du Jura Suisse furent les premiers à construire des mouches artificielles avec des plumes de cul de canard.
La plume de cul de canard remplace petit à petit les hackles de coq du Léon ou du Limousin. Les mouches en CDC ont une tenue moins haute sur l'eau que les mouches construites avec des plumes de coq. Elles ont un grand succès sur les eaux contemporaines de plus en plus polluées où la tension superficielle ne permet plus aux insectes d'adopter leurs attitudes habituelles. Ils sont englués dans le film de l'eau et ils en émergent difficilement. Ils se retrouvent plaqués pendant leurs dérives. Leurs nouvelles silhouettes peuvent être parfaitement imitées avec des mouches artificielles en CDC qui se mélangent aux bulles des tensions de surface.
Ces plumes sont produites à proximité de la glande uropygienne localisée sur le croupion du canard. Cette glande secrète un sébum huileux dont l'oiseau imprègne toutes les plumes de son corps en les lissant pour se protéger de l'eau et du froid. Les plumes de CDC sont donc enduites naturellement de graisse et imperméables. Les microgoutellettes de graisse sont réparties dans les très nombreuses barbules qui composent la plume.
La plume de CDC est très fournie et vaporeuse. Chaque barbule a une architecture spiralée qui augmente sa surface de contact avec l'air. Chaque spirale peut capturer plusieurs microbulles d'air. Les milliers de spirales des milliers de barbules et barbes emprisonnent des milliers de bulles d'air qui accentuent la brillance, augmentent la flottaison d'une plume de CDC imperméable.
La plume de CDC se compose d'un rachis central d'où partent de nombreuses barbes qui portent des barbules plus ou moins denses. Elle peut être longue et sèche ou courte et grasse. Toutes ont des utilisations bien spécifiques. La plume de cul de canard peut avoir des couleurs naturelles différentes (dun, kaki, grise, marron, blanche) avec des tons plus ou moins prononcés. Elles peuvent être teintées, mais elles se transforment aux cours des traitements chimiques. Elles deviennent plus sèches, plus fragiles voir cassantes. Elles perdent leurs barbules et leurs graisses. Il faut vraiment utiliser des plumes de bonne qualité au départ pour avoir de bons résultats après les traitements.
J’utilise la tête de la plume pour réaliser des ailes de sedge ou de tipule, les barbes des flancs pour imiter les ailes des éphémères, des trichoptères, des mercantours, les rachis pour construire des pattes, des antennes, des prothorax, des têtes.
Tout est bon dans la plume de CDC!