LE VAIRON AURIFERE

Un don de Dieu : le vairon, poisson fourrage par excellence, bioindicateur des eaux propres, le vairon à un rôle en or dans les rivières. Le vairon est le Don Juan Européen des petites écailles. Il s’habille pendant la saison des amours, de nobles parures nuptiales dignes des poissons exotiques. Le vairon mâle devient boutonneux du visage, bleu, violine, rouge truité, il frétille d’arc en ciel. Il se met dans tous ses états colorimétriques pour séduire les rondes femelles. Impavide, il fraie en groupe oubliant ses nombreux prédateurs. Le vairon est à la base des chaînes alimentaires de nos eaux douces. Il est la proie des truites, chevesnes, perches, brochets, sandres qui se jettent dans les bancs de Phoxinus pour se régaler des robes dorées. Le vairon primesautier effectue des micro migrations estivales dans les rivières pour retrouver l’oxygène des eaux froides. Il peut vivre dans les lacs de haute montagne à plus de deux mille cinq cent mètres d’altitude où il devient le délice des saumons de fontaine et des ombles chevaliers.
Les plus beaux vairons vivent dans les eaux schisteuses ambrées des Cévennes nées des forêts de châtaigniers. Ils sont lumineux comme les néons noirs, roses, tricolores des rivières amazoniennes. Ce n’est pas un hasard, les eaux Cévenoles possèdent les mêmes compositions ioniques que les eaux amazoniennes. Les pressions naturelles se ressemblent et les sélections convergent vers un profil de poisson identique. Les robes doivent être lumineuses pour que les poissons se retrouvent et restent en bancs sécuritaires tout en se confondant pour échapper aux prédateurs avec les ambiances ambrées des miroirs, des radiers, des eaux rapides où bulles et schistes aurifères jouent avec la lumière. Quand un photon rebondit des pierres philosophales cévenoles sur la robe dorée du poisson, le vairon aurifère matérialise le rêve des alchimistes.