Jean Louis Teyssié

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Les artificielles sont les fruits de nos imaginations. Cette collection très personnelle présente plusieurs années de travail et de réflexion au bord de l'eau et derrière un étau. De nombreux modèles ne sont que des prototypes qui permettent d'essayer de nouvelles matières et de développer des techniques de montage novatrices et simples. Ils sont les projets des mouches de pêche optimisées modernes et adaptées à de nouveaux espaces comme les eaux salées, saumâtres, douces tempérées ou tropicales. Cette collection présente aussi bien des mouches pour les lacs de haute montagne, les canyons, les rivières, les estuaires que les grands espace bleus des océans. Bienvenue dans le monde de la plume, du poil, des colles et des plastiques.

La réalisation de mouches artificielles est un compromis entre l’art et la biologie. L’art est le propre de l’homme. Il est un des moyens d’interprétation du monde extérieur. La biologie est une science exacte qui essaie d’expliquer rationnellement les mécanismes des êtres vivants. Les mouches artificielles sont les résultats d’interprétations artistiques des comportements biologiques animaliers.

Chaque pêcheur à la mouche a une vision personnelle du montage donc du monde extérieur. Ces interprétations concordent et convergent vers des résultats assez homogènes. Les trichoptères seront souvent montés avec des matériaux, des dimensions, des tons identiques très proches des structures naturelles. Leurs silhouettes peuvent être variables tout en restant homogènes. La création et l’imagination restent limitées aux frontières du réel.
Ainsi naissent les mouches de pêche plus ou moins élaborées et spécifiques à une saison, une région, une rivière, une espèce de poisson, une technique de pêche. Ces mouches sont parfois merveilleuses. Certaines d’entre elles ne recopient pas seulement les silhouettes d’insectes ou d’invertébrés, mais reflètent la vie. Elles sont aériennes, lumineuses, cuticulaires, vaporeuses, animées et tellement vivantes. Ce sont alors de véritables oeuvres d’art que l’on désire toujours garder avec soi et les voir tous les jours. Pourquoi s’en priver? Il est vrai que sur une dizaine de modèles montés pour la pêche, un s’avère être esthétiquement parfait. Cette mouche unique est une référence et doit s’exposer au jour.
Les belles mouches que nous aimons monter sont toujours enfermées dans des boites minuscules et sombres. Elles s’abîment dans ces petits espaces. Les matériaux de montage ne s’aèrent pas, se froissent, se déchirent, s’oxydent et perdent leurs couleurs et leurs luminosités. Nos plus belles mouches méritent un autre traitement.

Un ami de Bruxelles m’amena un jour un cadre d’entomologiste. C’était une belle boite en bois fermée par un couvercle en verre. Le déclic fut immédiat. Je décidais d’exposer mes plus belles mouches dans ce bel espace clair.
J’ai donc réalisé mon premier cadre avec de jolis modèles. Tous les jours, je pouvais voir ces mouches accrochées au fond de la boite. Je les observais attentivement. Leurs silhouettes, leurs attitudes, leurs couleurs, leurs luminosités changeaient avec les ambiances de la pièce. En soirée, le soleil au coucher éclairait directement les artificielles. Elles se gonflaient de lumière et jouaient avec les reflets. Certaines mouches semblaient ternes alors que d’autres, montées avec des matériaux différents sur une silhouette identique vivaient au moindre photon.
Toutes ces observations quotidiennes m’ont grandement servis à améliorer mes modèles. Je les recommençais avec d’autres matériaux puis les exposais à nouveau.
Tous les jours je passais devant ce cadre et tous les jours j’avais de nouvelles idées pour améliorer ou construire des modèles plus évolués.
Depuis, je possède quarante cadres avec des thèmes bien précis. Je regarde toutes ces mouches et cela me donne de nouvelles idées. L’exposition est importante en ce sens. Mes amis viennent à la maison et critiquent souvent mes montages ainsi exposés. Auraient ils pu le faire avec des mouches cachées dans une minuscule boite de pêche?

A force de refaire toutes ces mouches, je m’éloignais de plus en plus du monde de la pêche. Mes modèles dérivaient de plus en plus vers la mouche de salon ou d’art. Les nouveaux matériaux que j’utilisais pour les rendre plus vivantes les alourdissaient, les encombraient. Mes mouches devenaient de plus en plus réalistes, de plus en plus compliquées et de moins en moins pêchantes.
Ce n’était pas vraiment important car je voulais à tout prix tout essayer de créer et laisser courir mon imagination. Alors, je me suis vraiment amusé sans limite, sans contrainte. J’ai essayé de traduire librement ce que ma cervelle pensait.
Cet exercice m’a permis de découvrir de nouveaux matériaux, de développer de nouvelles techniques de montage. En me limitant strictement aux montages des mouches pour la pêche, je n’aurais jamais pu réaliser cela. Mes montages complexes étaient des prototypes de mouches de pêche beaucoup plus simples. Les nouveaux matériaux synthétiques m’ont permis d’optimiser les flottaisons positives ou négatives, les pénétrations dans l’air et l’eau, l’imperméabilité de nombreuses mouches de pêche. Certains matériaux m’aidèrent à simplifier à l’extrême mes techniques de montage. Par exemple, un bout de mousse Néoprène et trois poils de balais me permettent en cinq minutes de monter un scarabée de pêche très léger dont la silhouette réaliste a su tromper de nombreux poissons très éduqués.
Recherches artistiques, découverte de nouvelles matières, mises au point de nouvelles techniques de montage, simplifications des modèles de salon complexes sont les étapes nécessaires à la réalisation de nouvelles mouches pour la pêche.
Les mouches artistiques sont les prototypes des mouches de pêche. C’est un bon exercice de concevoir les deux.
Mes mouches de pêche sont simples et souvent montées avec des matières inédites ou modernes. Mes mouches de salon sont belles et complexes. Elles restent dans des cadres et je peux les observer à tous moments. Elles sont mes références et mes sources d’inspiration.

JLT est journaliste halieutique depuis 1990. Il a écrit deux cents articles de presse dans des journaux de pêche à la mouche Italien, Espagnol, Anglais, Nord Américain, Français, Internationaux et a participé à cinq ouvrages sur le sujet.
Créateur de collections de mouches artificielles JLT remporte cinq médailles d’or, quatre médailles d’argent, cinq médailles de bronze en participant en 1994, 1995, 1996, 1997, 1998, 1999, 2001, 2004 aux championnats du monde de créations de mouches artificielles en Norvège (Mustad Scandinavian open Fly thing competition) et en Irlande (Irish Open Flytying Championships)

Pour découvrir plus de photographies de mes mouches, vous pouvez surfer sur http://teyssie.free.fr et plus récemment dans mes derniers articles en page 18 du magazine international de pêche à la mouche H2O https://issuu.com/h2omagazine/docs/h2o_low et en page 51: https://issuu.com/h2omaga..._a2d4fa1b86de8b